L'Ascension est une distanciation théologique

Le récit de l’ascension de Jésus qui est fait dans le premier chapitre du livre des Actes des apôtres signifie la distance physique qu’il y a désormais entre Jésus et ses disciples et, par extension, entre Jésus et nous tous. Jésus n’est plus là parmi les êtres humains. En protestantisme, cette séparation de Jésus avec l’univers des vivants a une conséquence sur le sens de la cène, le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples. Lors des célébrations de la cène, Jésus, qui ne partage plus notre condition humaine, n’est donc pas physiquement présent. C’est pourquoi, en parlant de la communion lors du partage du pain et du vin, nous parlons de présence spirituelle. Nous pouvons dire de même pour la communion qui se réalise entre les personnes présentes, au même titre qu’avec les personnes qui ne sont pas physiquement présentes, mais qui s’associent à ce qui est vécu. Ce ne sont pas le pain et le vin consommés qui font la communion avec le Christ ou entre les personnes, mais la foi, cette adhésion inconditionnelle à la vie telle que le Christ Jésus l’a révélée.

Nous éprouvons à quel point l’absence physique du prochain suscite le désir de sa présence. Ainsi l’Ascension est-elle en mesure de susciter un désir chez les disciples, que le trop-plein de la présence physique empêchait. L’absence physique, la distance avec l’être aimé, l’ami, le maître, ne sont pas à prendre comme des malheurs, mais à vivre comme autant d’occasions de recouvrer un espace de liberté personnelle et donc de responsabilité. La Toute-présence du Christ ou celle d’un parent, d’un maître spirituel, d’un chef d’État est une malédiction. Au contraire, la distanciation théologique, l’Ascension, libère des liens trop fusionnels qui nous privent de mettre en œuvre tous nos talents. L’Ascension est la fête de notre liberté.

 

Source : evangile-et-liberte.net