«En aidant mon prochain, c’est Dieu que j’honore. »

Jacques Nussbaumer est vice-doyen et professeur de théologie systématique à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. Il nous livre ici quelques réflexions en lien avec l’aide envers les plus démunis.

 

Propos recueillis par Daniel Hillion et Nicolas Fouquet 

SEL : Qu’est-ce qui vous marque dans ce que la Bible dit de la pauvreté ? 

Jacques Nussbaumer : La question de la pauvreté est très présente dans la Bible et traverse l’ensemble du récit biblique. On va la retrouver dans la loi, chez les prophètes, c’est un thème très important chez Jacques aussi dans le Nouveau Testament.  

Je suis particulièrement interpelé par le passage de Deutéronome 15. Il y est dit : « Il n’y aura pas de pauvre chez toi » (v.4). Il y a une visée. La vie conforme à la volonté de Dieu transforme les rapports humains d’une façon qui devrait évacuer le problème de la pauvreté. En même temps, il y a un réalisme biblique aussi. Quelques versets plus loin, on peut lire : « Il y aura toujours des pauvres dans le pays » (v.11).

Comment la Bible articule l’aide envers le frère en Christ et l’aide envers le frère en humanité ? 

La clef est en Jésus-Christ. Par l’incarnation, il a revêtu notre chair et il révèle la vérité de notre humanité. D’ailleurs, l’apôtre Paul souligne que tout a été créé en lui (Colossiens 1.16), par lui (Jean 1.3 ; 1 Corinthiens 8.6) et pour lui.  

D’autre part, par la résurrection, il est le premier-né de la nouvelle création. C’est dans cette réalité en Christ que l’on a les moyens de commencer à penser cette articulation entre une solidarité qui est proprement humaine et une solidarité qui est propre au peuple de Dieu.  

Je pense alors que l’on peut parler de cercles concentriques qui partiraient de la famille en Christ et qui débordent vers l’humanité entière. Ce qui se joue dans l’Église est signe de quelque chose qui viserait idéalement l’humanité tout entière. En matière d’implication face à la pauvreté, je trouve alors intéressant de distinguer deux aspects. Il y a d’un côté l’idée de solidarité qui relève de notre constitution en une seule humanité et de l’autre ce qui relève de l’amour du prochain et qui touche plus à une dimension relationnelle. [...]

 

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